Terroir Benin - Les Fruits de la Solidarité

Production et transformation de l’ananas au Sud Bénin

En République du Bénin, l’agriculture est l’activité économique principale des populations (La Banque mondiale, 2019). Elle contribue en grande partie à la sécurité alimentaire du pays, ainsi qu’à son développement économique (PNUD, 2015). Le Sud-Bénin, par ses conditions pédoclimatiques favorables, est un territoire propice à la culture de l’ananas (Présidence de la République du Bénin, 2017b). Conscient de la potentialité économique du commerce international de ce fruit tropical, le gouvernement actuel a décidé de l’instituer comme l’une des filières agricoles phares de sa réforme du secteur agricole (Présidence de la République du Bénin, 2015).

Du point de vue agronomique, le Bénin bénéficie d’un climat tropical chaud et humide, avec une moyenne de température comprise entre 22 et 24 degrés, et un taux d’humidité entre 65 et 95%. Ce qui est favorable à la production de ce fruit. Les volumes de production sont actuellement de l’ordre de 400 000 tonnes par an.

Production

Zone de culture de l’ananas au Bénin

Les zones de production d’ananas sont localisées dans la zone sud du pays, où les niveaux de pluviométrie sont les plus importants, et notamment dans les départements de l’Atlantique, de l’Ouémé, du Plateau, du Mono et du Couffo. Le département de l’Atlantique reste incontestablement le premier producteur. Sept de ses 9 communes administratives (Abomey-Calavi, Allada, Kpomassè, Ouidah, Toffo, Tori et Zè) s’adonnent à la production d’ananas. Ce département, qui comptabilise environ 10% de la population béninoise, concentrerait près de 80% de la production totale d’ananas sur les 2 000 hectares cultivés actuellement au Bénin.

Variétés utilisées

Les deux principales variétés produites au Bénin sont le Pain de sucre (environ 75% de la production) et la Cayenne lisse (25%). La variété Pain de sucre est plébiscitée pour les facilités qu’elle offre dans la conduite de son cycle, y compris la production des rejets. Par contre, la Cayenne lisse est en régression à cause de la cherté des rejets et surtout de l’érosion du potentiel génétique qui rend la variété sensible au dépérissement.

L’Ananas pain du sucre du Bénin certifié Indication Géographique Protégée

Ananas pain de sucre

Le Bénin a reçu sa toute première Indication Géographique Protégée (IGP) de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI). Il s’agit de l’ananas pain de sucre du plateau d’Allada certifié IGP. Un enregistrement qui est intervenu après plusieurs années d’actions concertées entre le gouvernement du Bénin, les acteurs de la filière ananas et avec le soutien technique et financier de l’Union européenne (UE) et de l’Agence Française de Développement (AFD) à travers le Projet d’appui aux acteurs du secteur privé (PARASEP). La remise officielle du certificat d’enregistrement au Groupement de Défense et de Gestion de l’IGP a eu lieu le 28 octobre 2020 à Cotonou.

Caractéristiques de l’ananas

Champs d’ananas

Valeurs nutritionnelles et caloriques de l’ananas

Pour 100 g d’ananas cru :

Nutriments

Teneur moyenne

Energie

54,4 kcal

Eau

85,5 g

Protéines

< 0,5 g

Glucides

11,7 g

Lipides

< 0,5 g

Sucres

10,5 g

Fructose

2,3 g

Saccharose

6,4 g

Fibres alimentaires

1,2 g

Calcium

8 mg

Fer

0,17 mg

Iode

< 20µg

Magnésium

15 mg

Manganèse

0,84 mg

Phosphore

8,1 mg

Potassium

140 mg

Sélénium

< 20 µg

Sodium

< 5 mg

Zinc

0,08 mg

Beta-Carotène

66,9 µg

Vitamine C

46,1 mg

Vitamine B1 ou Thiamine

0,056 mg

Vitamine B2 ou Riboflavine

0,033 mg

Vitamine B3 ou PP ou Niacine

0,31 mg

Vitamine B5 ou Acide pantothénique

0,17 mg

Vitamine B6

0,052 mg

Vitamine B9 ou Folates totaux

19,6 µg

L’ananas est hydratant, rafraîchissant de par sa très grande richesse en eau (85,5%). Sa valeur calorique est moyenne (54,4 kcal/100 g) due essentiellement à ses glucides. Ses teneurs en vitamine C et béta-carotène sont très intéressantes car protégées par son écorce épaisse. Peu de minéraux sauf le potassium qui affiche un taux intéressant.

La broméline est reconnue pour ses propriétés anti-inflammatoires, anti-thrombotiques, antiplaquettaires et fibrinolytiques (permettant de dissoudre les caillots sanguins). Certaines études ont montré que, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et analgésiques, la broméline, très présente dans l’ananas, pourrait s’avérer un traitement alternatif sécuritaire contre l’ostéo-arthrite.

Les polyphénols et les flavonoïdes, des composés phénoliques présents dans les végétaux, possèdent des propriétés anti-oxydantes. Ils peuvent contribuer à prévenir l’apparition de plusieurs maladies (cancers, maladies cardiovasculaires et diverses maladies chroniques) en neutralisant les radicaux libre du corps.

L’ananas frais et le jus d’ananas sont d’excellentes sources de manganèse. Le manganèse agit comme cofacteur de plusieurs enzymes qui facilitent une douzaine de différents processus métaboliques. Il participe également à la prévention des dommages causés par les radicaux libres.

L’ananas (frais, en conserve ou en jus) est une source de cuivre. En tant que constituant de plusieurs enzymes, le cuivre est nécessaire à la formation de l’hémoglobine et du collagène (protéine servant à la structure et à la réparation des tissus) dans l’organisme. Plusieurs enzymes contenant du cuivre contribuent également à la défense du corps contre les radicaux libres.

L’ananas frais est une bonne source de vitamine C. L’ananas en conserve et le jus d’ananas sont des sources de cette vitamine. La vitamine C possède des propriétés anti-oxydantes et pourrait être en partie responsable des effets bénéfiques associés à une consommation élevée de fruits et légumes. La vitamine C dans le sang contribuerait à diminuer l’oxydation et l’inflammation dans l’organisme, un effet protecteur contre l’apparition de certaines maladies dégénératives associées au vieillissement.

L’ananas (frais, en conserve ou en jus) est une source de vitamine B1. Appelée aussi thiamine, la vitamine B1 fait partie d’un coenzyme nécessaire à la production d’énergie, principalement à partir des glucides que nous ingérons. Elle participe aussi à la transmission de l’influx nerveux et favorise une croissance normale.

L’ananas (frais, en conserve ou en jus) est une source de vitamine B6. La vitamine B6, aussi appelée pyridoxine, fait partie de coenzymes qui participent au métabolisme des protéines et des acides gras ainsi qu’à la synthèse (fabrication) des neurotransmetteurs (messagers dans l’influx nerveux). Elle contribue également à la fabrication des globules rouges et leur permet de transporter davantage d’oxygène. La pyridoxine est aussi nécessaire à la transformation du glycogène en glucose et elle contribue au bon fonctionnement du système immunitaire. Cette vitamine joue enfin un rôle dans la formation de certaines composantes des cellules nerveuses et dans la modulation de récepteurs hormonaux.

L’ananas est riche en fibres qui stimulent le transit intestinal et permettent de jouer sur la satiété.

Le RÉPAB :

Le RÉPAB est aujourd’hui une union de coopératives, qui compte 15 coopératives membres (de type coopérative simplifiée) et 6 coopératives en cours d’adhésion. L’organisation paysanne rassemble 509 coopérateurs et 1100 producteurs usagers. En 2018, 151 producteurs étaient certifiés bio pour un volume total de production d’ananas biologiques de 9 125 tonnes (sur un volume annuel de production d’ananas d’environ 75 000 tonnes).
Les producteurs sont répartis selon trois catégories en fonction de leur superficie de production :
– 65 % sont des petits producteurs (800 à 10 000m2) ;
– 30% sont de moyens producteurs (1 à 5 hectares) ;
– 5% sont des gros producteurs (au-delà de 5 hectares).

Le RÉPAB mène des actions à long terme pour améliorer la compétence en gestion des agriculteurs et convertir les exploitations en bio. La production bio a ainsi augmenté depuis 2019 et dépasse les 9 000 tonnes. Il est maintenant nécessaire de diversifier les débouchés des ananas bio.  En effet, la certification Bio augmente les coûts de production. Il est alors nécessaire, pour les coopératives, de signer des contrats de vente avec les revendeurs et transformateurs, d’où la nécessité de trouver des débouchés, particulièrement à l’export.

Production de fruits séchés

L’ananas doit être cueilli à bonne maturité pour donner, après le séchage, un concentré de saveurs exceptionnel. Il faut 20 Kg d’ananas frais pour produire 1 Kg de fruits séchés.
En permettant de conserver les surplus de fruits, le séchage de l’ ananas évite le gaspillage et procure des revenus supplémentaires aux familles Béninoises.

Le séchage de l’ananas reste minoritaire au Bénin par rapport à la transformation en jus.

Epluchage et découpe des ananas

Séchage et tri des ananas séchés avant emballage

Production de jus

On distingue trois types de transformateurs en jus.

Récupération de bouteilles usagées pour le remplissage du jus

Les transformateurs artisanaux (8% de la production totale d’ananas frais) sont les plus nombreux mais ils ont une faible capacité de transformation. Ils s’approvisionnent directement auprès des producteurs isolés ou des détaillants.

Poches de jus d’ananas et caisse de transport pour l’export

Les transformateurs semi-industriels (11% de la production d’ananas frais) ont une capacité de production supérieure à celle des transformateurs artisanaux, mais les contraintes auxquelles ils sont confrontés les empêchent de produire à pleine capacité tout au long de l’année. Ils ont des contrats informels avec les producteurs. Le transformateur industriel (9% de la production d’ananas frais) fonctionne en sous capacité (à 40% de sa capacité installée) par manque de matière première. Il a des relations contractuelles avec des producteurs encadrés pour la majorité de son approvisionnement en fruits.

Les transformateurs industriels (9% de la production d’ananas frais) fonctionnent bien souvent en sous capacité (à 40% de la capacité installée) par manque de matière première. Ils ont des relations contractuelles avec des producteurs encadrés pour la majorité de leur approvisionnement en fruits. Leur qualité et leur certification Bio leur permettent de trouver des marchés à l’export dans la grande distribution.